lundi 15 août 2011

Le traitement des criminels

     Dans une causerie sur la méthode la plus équitable de traitement des criminels, Abdu'l-Bahà s'exprima ainsi : 
     Pour éviter les crimes le meilleur moyen est de faire l'éducation des peuples de tel sorte... qu'ils tremblent à l'idée de perpétrer un crime, et celui-ci leur apparaisse comme le plus grand des châtiments en soi, le pire tourment, la suprême condamnation...
     Ainsi aucun délit méritant condamnation ne sera plus jamais commis...
     Si quelqu'un opprime, offense ou fait du tort à une autre personne et que l'offensé rend le mal par le mal, il se venge, ce qui est répréhensible... Si Pierre déshonore Paul, celui-ci n'a pas le droit de déshonorer Pierre; s'il le fait, c'est une pure vengeance et il agit mal. Il doit au contraire rendre le bien pour le mal; il doit non seulement pardonner mais encore, si possible, rendre service à son oppresseur. Une telle attitude est celle qui convient à l'homme, car où est l'avantage de la vengeance ? Les deux actions se valent; si l'un est répréhensible, elles le sont toutes les deux. La seule différence est que l'une a été commise en premier lieu et l'autre après.
     Quant à la communauté, elle a le droit de se protéger et de se défendre; en outre, la société n'éprouve ni haine ni animosité à l'égard du meurtrier; elle le punit uniquement pour assurer la protection et la sécurité des autres...
     Ainsi, quand le Christ a dit : " Si quelqu'un te frappe sur une joue, présente-lui l'autre", son but était d'apprendre aux hommes à ne pas exercer de revanche personnelle. Il ne voulait pas dire que si un loup  se jetait sur un troupeau pour le décimer, il faudrait l'encourager. Car si le Christ avait appris qu'un loup, entré dans la bergerie, se préparait à tuer les moutons, il l'en aurait empêché...
     La constitution des communautés repose sur la justice... Le pardon et la miséricorde préconisés par le Christ n'impliquent pas la soumission à un ennemi tyrannique; si une nation attaque votre pays, si vos maisons sont incendiées, vos biens pilés, vos femmes, vos enfants et vos proches brutalisés, votre honneur outragé, vous ne devez pas vous soumettre  à ces ennemis tyranniques ni leur permettre d'exercer la cruauté et l'oppression. Non, les paroles du Christ concernent l'attitude de deux personnes. Si l'un assaille l'autre, la victime doit pardonner. Mais la société doit protéger les droits de l'homme...
 Ajoutons cette remarque : les collectivités s'occupent jour et nuit à établir des lois pénales, à préparer et perfectionner des instruments et des moyens de répression. On construit des prisons, on forge des chaînes et des entraves, on installe des lieux d’exil  et de bannissement, on met au point différentes sortes de tortures et de peines expiatoires et on espère discipliner les criminels par ces moyens, alors qu'en réalité ils provoquent la destruction de la moralité et la perversion des êtres.
     La société doit au contraire, s'évertuer de tout son coeur, jour et nuit, à faire l'éducation des hommes, à les aider à progresser un peu plus chaque jour, à accroître leur science, et leur savoir, à leur permettre d’acquérir les vertus et une saine moralité, à abandonner tout vice afin que le crime ne puisse plus exister. 


(Abdul'Bahà,
 Les Leçons de Saint Jean d'Acre, pp. 277 à 281.)
























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